dimanche 18 avril 2010

Gestion de l'image : ce qui est et ce qui paraît être

Voilà un sujet qui me tient tout particulièrement à cœur.
Faut-il avoir l'air pour être ?

Dans la communication de manière générale, la réception d'un message est plus importante que son émission. Voici une variante de ce postulat : la perception que l'on se fait d'une réalité est plus importante que la réalité elle-même, ou encore, nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont, mais telles que nous sommes.
Pour bien comprendre ceci, prenons un exemple : le soleil a longtemps été considéré par l'homme comme une expression magique ou divine, alors que nous savons aujourd'hui que ce n'est qu'une étoile parmi tant d'autres dans l'univers.
Prenons un autre exemple : les fameux goûts et les couleurs. Chacun a les siens et ce qui est reconnu comme beau par l'un peut être considéré comme laid ou insipide par l'autre. Si nous parlons d'une fleur, elle-même n'a aucune "conscience" de sa beauté ou non, ni de sa couleur, ni de sa taille. Car toutes ces "valeurs" sont des valeurs arbitraires, relatives, attribuées par l'homme.

Ainsi, nous caractérisons les éléments qui constituent notre environnement et les comparons les uns aux autres sur des échelles de valeur qui n'existent qu'à travers nous.
Revenons à la question initiale : faut-il avoir l'air pour être ? Et bien globalement, oui. Nous parlons ici de la notion de crédibilité. Si on veut être crédible, il faut plus ou moins correspondre à une certaine "image" que "les gens" se font de ce que vous êtes.
En gros, pour être crédible comme consultant, il faudrait rouler en voiture allemande, porter un costume à 800 euros, de belles chaussures et être bien rasé. La plupart des gens seront ravis, rassurés, et "on verra bien après si le ramage est à la hauteur du plumage", si ça en a l'air, ça doit bien être vrai.
Pour résumer : pour être perçu comme crédible dans son domaine, il faut d'abord en avoir l'air. Cela s'appelle des "codes". Il y aurait ainsi des codes, qu'il vaut mieux respecter, sinon, ça ne peut pas marcher.

Mais est-ce que ce schéma, cette façon de penser est toute puissante ? Y-a-t-il des exceptions ? On pourrait dire qu'un artiste n'a pas besoin d'avoir l'air politiquement correct. Il peut être arrogant, ne pas se laver, ne ressembler à rien et pourtant, ça ne posera pas de problème. Pourquoi ? parce que pour un artiste, le politiquement correct est justement le politiquement incorrect.
Autrement dit, rien de plus banal et pathétique qu'un artiste qui se prend pour un artiste. Je n'aimerais pas être un artiste, en fait. Car quand on y réfléchit bien, quoi qu'ils fassent, cela reste plus ou moins incohérent.
Mais je m'égare. D'ailleurs, je vais m'égarer un peu plus, en me montrant plus précis dans mon égarement : je dirais plutôt que je n'aimerais pas être perçu comme un artiste. Car un artiste, j'en suis un, quelque soit la façon dont je me montre et dont on me perçoit.

Et c'est là que nous touchons à ce qui me semble être terriblement intéressant : NON, le paraitre n'est pas une règle absolue. Et je dirais même bien au contraire.
Finalement, essayer d'avoir l'air d'être ce que l'on veut être est assez tordu comme raisonnement. Pourtant, c'est un raisonnement naturel, le plus évident qui soit pour beaucoup, y compris pour moi, il y a quelques années. Mais en fait, il y a tellement mieux : pourquoi ne pas essayer plus simplement d'être ce que l'on veut être ? Une fois que l'on est ce que l'on veut être, tout va bien. Enfin, non. Pas tout à fait. Il y a une contradiction ici, avec le postulat que j'ai énoncé au début de ce billet : la perception que l'on se fait d'une réalité est plus importante que la réalité elle-même.

Nous voilà bloqués. On sait que être est mieux que paraitre pour soi, pour sa conscience, pour le travail bien fait, mais on sait aussi que les clients vont nous juger sur les apparences et que là, cela risque de ne pas coller, car elles sont plus importantes que la réalité elle-même.
Et bien, je vous rassure, nous ne sommes pas bloqués du tout. Nous avons simplement énoncé que l'apparence d'une réalité est plus importante que la réalité elle-même, et bien, dans ce cas, j'irai plus en détails en précisant que l'apparence de la cohérence est plus importante que l'apparence de la crédibilité d'une réalité. (prenez une aspirine et relisez trois fois, ne vous inquiétez pas, ça va venir...)

Finalement, pour donner la meilleure image de soi, et pour être sûr de ne pas vendre n'importe quoi à n'importe qui, il est préférable d'être soi-même, de s'accepter, de s'assumer et de le montrer. L'acceptation est ici une part de la plus haute importance, car en acceptant ses erreurs, ses faiblesses, on se donne l'opportunité de les corriger. Ainsi, au lieu de se transformer en vague stéréotype de chef d'entreprise, de cadre sup', de consultant, on se transforme en un meilleur soi.

C'est le parti que j'ai décidé de prendre il y a plusieurs mois : ne pas essayer de ressembler au consultant idéal, mais montrer que je suis un bon consultant en communication et que je ne suis pas moins bon que je roule dans la Ford Escort de ma femme ou dans ma Jaguar, que je ne suis pas meilleur quand je suis rasé de près ou quand je porte mes chemises Rochas avec boutons de manchettes.
J'ai aussi pris le parti de ne pas cacher qu'en plus d'être consultant en communication, je suis également musicien, artiste sculpteur, développeur informatique, publiciste, marketeur, que j'aime le bon vin et les bons restaurants, que j'ai joué de la batterie dans un groupe de métal, que je suis ému quand un client me parle de ses petits enfants avec l'œil qui pétille.

J'essaye ainsi de donner une image honnête, franche et cohérente de moi.
Ceux qui préfèrent les paillettes passeront leur chemin, ceux qui aiment rencontrer des gens vrais et construire de beaux projets accepteront mon invitation et nous irons boire un excellent vendanges tardives, tout en parlant de notre future et fructueuse collaboration.

Et c'est cette expérience acquise que j'essaie aujourd'hui de transmettre à des hommes, des femmes, des cadres dirigeants, des chefs d'entreprise, qui se sont usés dans l'apparence au point de s'oublier, de se perdre, au point de ne plus se reconnaitre. Nous essayons ensemble de synchroniser apparence et réalité, nous faisons un long travail, afin de ne pas laisser aux autres ce choix, celui de choisir entre l'homme ou la femme et l'image qui est projetée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire